Il y a urgence à proposer d’autres regards d’autant plus que la simple objectivité laisse déduire -et c’est factuel-, que la faillite de l’Etat tchadien est imputable à la forme dont il s’est affublé dès ses origines et traine comme un boulet à la cheville depuis ses premières heures d’existence. L’échec n’est plus à démontrer et semble intimement lié de façon ontologique à sa nature néocoloniale, jacobine, centralisée, concentrée, a-démocratique, puisque faisant fi de la diversité des composantes populationnelles et sociologiques. Il l’est, d’autant plus évident, que force de loi a été abandonnée au règne de groupes divers qui ont fait de ce vaste territoire le lieu d’exercice permanent du métier des armes et de la jouissance tribale et clanique de prébendes et butin de guerres. En d’autres termes celui des violences systémiques et de la paupérisation larvée d’un arrière-pays figé, statufié depuis une soixantaine d’années. La carence s’avère structurelle plutôt que culturelle. Proposer un espace de prise de parole collective, amorcer un dialogue qui refuse de laisser la seule expression à l’argument de la force des armes et de la corruption clientéliste : tel est le but essentiel poursuivi par ces Actes de la Conférence sur le Fédéralisme au Tchad.
Koulsy LAMKO est dramaturge, romancier, poète, essayiste et professeur universitaire tchadien.