Atoumane Ndiaye raconte "les tribulations d'un jeune Foutanké"
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Atoumane Ndiaye, docteur-pharmacien diplômé de la Faculté de Médecine de l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar, raconte, dans un roman, les vicissitudes de l'existence d'une âme qui, à la fois, sème des graines dans les sillons d'espoirs et se désarme par insouciance. Cette œuvre littéraire, intitulée "Kalidou, les tribulations d'un jeune Foutanké", déroule une vie remplie de succès qui prend une tournure dramatique à cause du Sida. La sagesse y croit également. La cérémonie de dédicaces et de présentation a eu lieu, samedi dernier, à la librairie L'Harmattan.
Voici la trame d'une histoire à la fois merveilleuse, du point de vue de la "réalisation" sociale, et lugubre en ce qu'elle finit en drame : "On paie toujours pour les fautes que l'on a commises. On ne récolte que ce que l'on a semé. Qu'ils avaient raison les médecins du côté de Luanda : on ne guérit pas du Sida ! En définitive, je ne dois en vouloir qu'à moi-même".
Ainsi, pensait Kalidou à partir de son lit d'hôpital de la Clinique des Maladies infectieuses du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Fann. Son médecin venait de lui communiquer les résultats des examens biologiques qu'il avait demandés. Sa séropositivité était confirmée… Il se savait condamner. Il avait perdu beaucoup de poids. Il avait fondu, pour être plus exact. Il ne parvenait plus que difficilement à s'alimenter. Il passait ainsi tout son temps à ressasser le film de sa vie. Ses souvenirs, depuis sa tendre enfance, dans son Fouta natal, étaient restés vivaces dans son esprit. Son histoire, il se l'était passée mille et une fois dans sa tête. Elle revenait encore et toujours telle une ritournelle".
Les jouissances de la vie génèrent de l'euphorie et ouvrent des brèches difficiles, quelquefois impossibles, à colmater. Kalidou, personnage principal du roman, en a fait l'affligeante expérience. Il quitte son Fouta natal et sa vie "normale" de villageois pour poursuivre ses rêves dans l'inconnu, le fourre-tout, Dakar. Il se plaît à la vie citadine et se meut dans le tumulte des nuits de la capitale sénégalaise et "mène une vie intime assez débridée marquée par des rencontres de fortune, des relations plus ou moins durables, des mariages…". Il s'en est suivi des séjours en Côte d'Ivoire, au Cameroun et en Angola. Dans ce dernier pays, l'"ex-broussard" trouve fortune dans le diamant. Son retour au bercail est un déploiement de faste. Il en profite pour prendre une seconde épouse.
Ivresse et morosité
Retourné à Luanda, en Angola, le viveur itinérant voit ses affaires prospérer davantage mais il ne se doute pas encore qu'un funeste sort l'anéantirait, lui dessinerait un nouvel univers de "raison" et l'inviterait à une profonde introspection. Sa concubine de l'autre côté de l'Afrique australe, comme il a dû en avoir beaucoup dans sa longue marche vers le succès et l'infortune à la fin, est atteinte du Sida ; il en devient également porteur. Les souvenirs l'assaillent. De son lit d'hôpital, arrivé au bout de ses tribulations, le jeune "Foutanké" grandit en sagesse.
Ce récit d'Atoumane Ndiaye déploie des humanités dans des sphères d'ivresse et de morosité, d'espoirs et de remords, d'insouciance et de regard intérieur. C'est que l'auteur, lui-même, de l'avis de l'assistance, est profondément ancré dans des valeurs d'humanité. Il est une âme généreuse. A travers ces tribulations habilement contées, il crie son impuissance face à un drame de nos temps qui décime le monde, les siens.
Son ancien professeur de Français au Lycée Seydina Limamoulaye, Makébé Sarr, qu'il a eu le plaisir de retrouver il y a trois ans, dit du style d'écriture qu'il est dépouillé et renseigne discrètement, de par la description de la maladie, sur la profession de pharmacien de l'auteur. L'inspecteur de l'Enseignement et écrivain, Mody Niang, porte également un témoignage éloquent sur ce roman "bien écrit et logeant des idées pertinentes".
Alassane Aliou MBAYE HTTP://WWW.LESOLEIL.SN/
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